Une alliance titanesque
Le 22 juillet 2013, les deux géants que sont SFR et Bouygues Telecom (respectivement les numéros 2 et 3 de la téléphonie mobile en France) ont annoncé qu’ils souhaitaient mettre en commun une partie de leurs réseaux mobiles. L’Arcep a bien enregistré la demande, que les deux groupes espèrent finaliser avant la fin de l’année. Néanmoins, s’il est conclu, l’accord se devra de respecter la concurrence et toute mutualisation qui serait nationale est d’ores et déjà à proscrire. Chaque partie s’est alors empressée de déclarer qu’elle resterait parfaitement autonome dans ses activités, notamment dans le domaine de l’innovation. A quelles fins vouloir alors une telle union ?
Une opération relativement mystérieuse
Officiellement, le but avoué de cet « accord stratégique » est de pouvoir offrir une meilleure qualité de service et une couverture géographique améliorée pour les clients de chaque opérateur. Pour rassurer, les deux groupes ont rappelé qu’une telle entreprise avait déjà eu lieu dans d’autres pays, à l’instar de l’Angleterre ou encore de l’Espagne. Cependant, les deux firmes sont aussi restées assez avares en matière d’informations. Peu de détails affleurent des communiqués de presse : la possibilité de 4G obtenue récemment par Bouygues sera-t-elle partagée ? La mutualisation concernera-t-elle seulement les infrastructures « passives » (pylônes, locaux….) ou bien aussi les installations « actives » (antennes, moyens de transmissions…) ? Bien entendu, l’opération vise également à faire quelques économies pour renflouer les caisses des deux opérateurs qui sont en perte de vitesse.
Début de partenariat ou concurrence masquée ?
Est-il besoin de préciser que les deux compagnies ont été en compétition des décennies durant -lutte à laquelle il faut ajouter le troisième acteur de poids qu’est Orange ? Jusqu’à présent la bataille était bien ordonnée, mais ce charmant trio n’avait sûrement pas prévu l’arrivée tonitruante d’un quatrième challenger : Free. Le dernier venu dans le secteur de la téléphonie mobile a frappé fort en proposant de faibles prix, se taillant une part de choix parmi les abonnées (plus de 6 millions en un an)… de ses voisins. Si les réactions n’ont pas tardé du côté des trois anciens opérateurs, elles sont encore restées sans véritable impact. Cette alliance pourrait ainsi tenter d’y remédier. Attention donc, une rivalité peut en cacher une autre.